Le dimanche 1er Février 2014, Jean-Pierre MASSERET,
Président de la Région Lorraine, appelle les citoyens des quatre départements
lorrains à répondre à la question suivante :
« La gare d’interconnexion TGV-TER de Vandières, dont la construction a
été reconnue d’utilité publique en 2011 par décret, peut être réalisée sans
être supportée par une contribution nouvelle des collectivités publiques.
Compte tenu de cette possibilité sur le plan financier, pensez-vous que le
Conseil Régional de Lorraine puisse s’engager dans sa réalisation et dans la
transformation de Louvigny en gare de fret TGV ? » La formulation de la question est tendancieuse car
elle comporte deux affirmations volontairement fallacieuses. La véritable question à laquelle les
Lorrains doivent répondre est celle de l'opportunité de construire une nouvelle
gare TGV à Vandières dans le contexte économique actuel.
En préliminaire, il me parait intéressant de noter le
glissement de vocabulaire opéré dans les débats : au départ, il a été question
d'un "référendum" puis, peu à peu, c'est le vocable beaucoup plus
neutre politiquement de "consultation" qui a été utilisé. En effet,
la notion de référendum renvoie, dans les esprits, à la pratique gaullienne. Il
en découle l'impérieuse nécessité d'obtenir une réelle mobilisation des
électeurs et l'ardente exigence de respecter l'avis de ces derniers. Or, de
cela, il n'est point question dans l'esprit de Jean-Pierre MASSERET ! Il l'a
d'ailleurs parfaitement laissé entendre et le déroulement plutôt atone de la
campagne le démontre hélas ! Pour preuve, aucun seuil de participation minimale
n'est fixé pour valider ce scrutin, ce qui remet en cause sa recevabilité juridique
! Il faut noter également que ce simulacre de démocratie participative va
peser, selon de récentes estimations, la bagatelle de 300.000 € sur le budget
des Communes de Lorraine.
Venons-en maintenant au cœur de la problématique
soulevée par l'utilité réelle du projet et son coût exorbitant.
Il est tout d'abord utile de rappeler que la
construction de la gare TGV Lorraine de Louvigny a été la condition sine qua
none pour éviter un retard rédhibitoire dans la mise en place de la Ligne à
Grande Vitesse en Lorraine. En dépassant les 600 000 passagers par an, cette
gare a plus que largement rempli les objectifs qui avaient fixés lors de sa
construction.
Dans son rapport annuel 2013, la Cour des Comptes met en doute la pertinence, d'une part, du choix de la construction d'une nouvelle
gare à quelques encablures de la gare existante en précisant que le site de
Cheminot-Louvigny avait déjà été envisagé par la S.N.C.F. dans un projet datant
d'avril 1993 et, d'autre part, la
possibilité de reconversion de celle-ci en soulignant que le coût total de
ces opérations pulvériserait le coût moyen des gares TGV. Elle ajoute que, des
trois régions concernées par la LGV-Est, c'est la région Lorraine et donc, le contribuable lorrain, qui se révèle être
le contributeur principal !
Le coût avancé par les tenants du projet, 140.000.000 d'€uros ! ne tient
absolument pas compte des coûts accessoires, si l'on peut s'exprimer ainsi,
des infrastructures indispensables à le
rendre opérationnel, sans compter les inévitables dépassements financiers inhérents
à ce type de chantier. Quant à l'improbable et aventureuse proposition de reconversion de la Gare de Louvigny,
elle ne tient pas une seconde à l'examen attentif de sa configuration si
particulière. Elle résiste encore moins à l'étude des besoins des entreprises
locales en termes de fret TGV !
On nous promet, courrier du "patron" de la
S.N.C.F.à l'appui, que les liaisons TER ne souffriront pas de la construction
de Vandières. Mais nous savons tous ce que valent les promesses en période
électorale ! L'actualité récente démontre combien les engagement contractuels sont
facilement balayés du revers de la main par les dirigeants socialistes, les
salariés d'Ecomouv peuvent douloureusement en témoigner !
On nous assure que "celles et ceux qui viendront en
Lorraine, arriveront en TGV, changeront de quai pour prendre un TER qui les
emmènera jusqu’à leur point d’arrivée en Lorraine"*, mais on oublie de préciser combien de temps
il leur faudra patienter sur ledit quai, d'autant que pour certains, compte
tenu de l'absence de correspondance en soirée, ils pourront même y passer la
nuit !
On nous affirme : "Il n’y
aura pas ni taxe supplémentaire, ni impôt supplémentaire, ni emprunt consentis
par les collectivités"*. Mais le Préfet de la Région Lorraine a
affirmé le contraire lors de la réunion
extraordinaire sur la situation économique, sociale et environnementale de la
Moselle, le 18 novembre 2014 ! Preuve en est également le libellé de cette
affirmation dont la syntaxe "il n'y
aura pas ... ni ... ni ... ni"
révèle un lapsus ô combien significatif ! En ces temps de restrictions budgétaires, le moins que
l'on puisse dire c'est que le
contribuable lorrain n'a pas fini de mettre la main à la poche !
Enfin, pour terminer mon propos, interrogeons-nous sur
le "timing" de cette opération : en mars 2015, se dérouleront les élections
départementales qui acteront la disparition du canton de Verny. C'est notre territoire que le projet de
Vandières, s'il se réalise, viendra encore frapper de plein fouet ! En
décembre 2015, la région Lorraine n'existera plus, elle sera fondue dans la
grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes. Qui peut affirmer que
Vandières sera la priorité de cette nouvelle entité ?
Pour toutes ces raisons, le 1er février 2015, je dis
NON à Vandières !
Danièle JAGER-WEBER, conseillère municipale d'opposition à VERNY
* texte du mail
adressé par Marie-Thérèse GANSOINAT-RAVAINE, Conseillère Régionale (P.S.), Maire
de VERNY, à ses collègues élus de la C.C.S.M. le 19/12/2014